Comme je vous l’annonçais dans mon billet précédent, voici un nouvel apport sur les stéréotypes.
Pour approfondir le sujet, je me suis demandée d’où ils venaient et pourquoi ils avaient une telle influence sur nos pensées et nos actes. Patrick Scharnitzky, docteur en psychologie sociale, nous en dit plus dans son ouvrage, que je vous recommande chaudement pour une mise à niveau : Les stéréotypes en entreprise, les comprendre pour mieux les apprivoiser, Editions Eyrolles, 2015.
Notre cerveau est un avare cognitif. Cette formule, consacrée par les scientifiques, explique que notre cerveau est toujours en quête d’économie mentale, à la recherche du meilleur rapport coût/bénéfice. Comment dépenser le moins d’énergie possible pour un résultat optimum ? Il va donc découper la réalité continue en catégories disjointes pour se simplifier la vie (…). Notre cerveau construit des stéréotypes car ils sont la conséquence logique et normale du phénomène de catégorisation et des distorsions qui l’accompagnent. Ces stéréotypes vont devenir des outils d’interprétation de la réalité, créant un dispositif d’attentes dans les relations professionnelles.
En résumé, les stéréotypes proviennent avant tout d’une sorte de dysfonctionnement de notre cerveau qui comble ses limites par des outils simplificateurs de la réalité dans la perception des personnes.
S’ils ont une origine mentale, comme on vient de le voir, les stéréotypes sont aussi confortés, encouragés et justifiés par les valeurs sociales qui composent une culture. La société a en effet besoin de stabilité, et préfère toujours s’appuyer sur des croyances, des traditions et des habitudes pour fonctionner et faire adhérer le plus grand nombre. Ces deux causes se nourrissent mutuellement.
Comment fonctionnent les stéréotypes ? Les travaux en psychologie sociale portant sur les mécanismes mentaux de la formation d’impression nous l’expliquent (Fiske et Neuberg, 1990) : il semble infaisable de fonder son impression exclusivement soit sur les informations individuelles, soit sur le stéréotype. Etre exposé à un stéréotype est un automatisme qui répond d’une activation incontrôlée et non d’une prise de décision consciente. En revanche, y renoncer est un choix volontaire que nous devons faire et qui va nous demander effort et énergie.
A lire : les travaux du Laboratoire de l’égalité, Les stéréotypes, c’est pas moi, c’est les autres ! Pdf à télécharger : labo-egalite-stereotypes_filles_garcons.
Très intéressant : les tests de l’Observatoire des discriminations pour mesurer ses préjugés. Je vous engage à les faire, très instructif.
On comprend qu’il est nécessaire de s’engager dans une démarche volontariste si l’on veut les combattre et c’est bien ce que les entreprises sont en train de comprendre.
Pour les entreprises qui souhaitent mettre en place un module de sensibilisation à la prise de conscience de l’impact des stéréotypes à destination de leurs salariés, me contacter.
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Séquence émotion : regardez !
je crois avoir compris également que selon Patrick Scharnitzky ces stéréotypes ne sont pas si mauvais que ça, qu’ils sont très normaux, car ils forgent aussi le besoin identitaire. Et on ne peut se passer totalement d’une appartenance à un groupe. Donc oui le cerveau se simplifie la vie mais c’est aussi pour ne pas exploser ! Toutefois cette analyse invite à tenter l’effort de sortir du stéréotype car on a des chances d’avoir de très belles surprises dans les relations humaines quand on les dépasse. C’est un peu comme l’effort récompensé après avoir grimpé une montagne : en haut la vue qui s’offre à nous élargit beaucoup notre espace et apporte un sentiment de liberté !
Merci Anne pour ton éclairage bienveillant qui enrichit la réflexion.