#Episode 15 podcast avec Véronique Le Mouël

Suite de la série de podcasts que j’ai initiée avec Mitrane Couppa, et un fil conducteur pouvant être décrit ainsi : découvrir des histoires singulières, des parcours de vie et des conquêtes. Conquête d’indépendance, de liberté, d’identité.

Avec une question fondamentale : comment changer, se transformer, évoluer et / ou s’accepter en restant fidèle à soi (ses valeurs, son héritage, ses loyautés) ?

Retrouver la série complète ici.

Rencontre avec Véronique Le Mouël, artiste, à l’origine de l’association Oeuvre participative, à laquelle je vous recommande vivement d’adhérer pour soutenir son action ! Véronique enchante notre paysage urbain avec ses propositions d’art participatif. L’art participatif tel que le définit Véronique : “prendre part”. Artiste vivant pleinement dans son époque, elle reconnaît avec une sensibilité qui me touche avoir exaucé ses rêves d’enfant. Sa forêt des messages, mêlant écriture et forme plastique, permet aux citoyens acteurs d’une oeuvre collective dans l’espace public de s’exprimer d’une manière poétique et créative. Belle leçon de vie que nous offre Véronique.

Nos intelligences préférées

J’ai découvert récemment le Jeu des intelligences (1), intéressant en coaching pour aider à se présenter par exemple, en mettant en avant ses capacités et ressources, ou pour régler des problèmes relationnels au sein d’une équipe, ou pour prendre des décisions. Il s’agit d’un Phototexte, un ensemble d’images qui illustrent les compétences associées à chacune des neuf intelligences dont nous disposons :

  • Intelligence naturaliste (comprendre l’environnement dans lequel l’humain évolue)
  • Intelligence linguistique (capacité à comprendre et utiliser les mots et les nuances de sens)
  • Intelligence visuo-spatiale (capacité à trouver son chemin dans un environnement donné et à établir des relations entre les objets dans l’espace)
  • Intelligence interpersonnelle (aptitude à discerner l’humeur, le tempérament, la motivation et le désir des autres personnes et à y répondre correctement)
  • Intelligence existentielle (celle des penseurs et des philosophes ; elle permet d’appréhender les questionnements sur les événements de la vie, l’origine et le sens des choses, les valeurs éthiques et le sens de la justice)
  • Intelligence logico-mathématique (capacité de logique, d’analyse, d’observation ainsi que celle de résoudre les problèmes)
  • Intelligence musicale (facilité à mémoriser des mélodies, harmoniser des sons et à reconnaître les rythmes)
  • Intelligence intrapsychique (chez les personnes qui aiment apprendre, s’améliorer, qui savent se remettre en question et faire preuve d’autocritique)
  • Intelligence corporelle (faculté d’apprendre et de penser à partir de toutes les perceptions de son corps)

Les auteurs du jeu se sont notamment inspirés d’Howard Gardner et de ses travaux sur les intelligences multiples.

Frames of mind, l’ouvrage qui rendit Howard Gardner célèbre en 1983, est un manifeste contre la tyrannie du QI. Gardner y démontre qu’il n’existe pas une forme unique, monolithique d’intelligence dont dépend la réussite dans la vie, mais plutôt un large éventail d’intelligences, que l’on peut ranger dans sept catégories principales :

  • l’agilité verbale
  • l’agilité logico-mathématique
  • la maîtrise de l’espace
  • le génie kinesthésique
  • le talent musical
  • le talent interpersonnel
  • la capacité intrapsychique

L’intelligence interpersonnelle est subdivisée en quatre capacités : celle de diriger, celle d’entretenir des relations et de conserver des amis, celle de résoudre les conflits, celle pour analyser les rapports sociaux.

Selon Daniel Goleman, auteur de L’intelligence émotionnelle, dont je vous recommande la lecture, “l’intelligence émotionnelle recouvre l’empathie, l’aptitude à se motiver ou à persévérer dans l’adversité, à maîtriser ses pulsions et à attendre avec patience la satisfaction de ses désirs, la capacité de conserver une humeur égale et de ne pas se laisser dominer par le chagrin au point de ne plus pouvoir penser, la capacité d’espérer.” (page 64)

Les études qui se sont multipliées ces dernières années sur l’intelligence émotionnelle laissent à penser qu’elle contribue au moins autant si ce n’est plus à la réussite et au bonheur des individus que le QI qui ne représenterait que 20 % des facteurs de réussite dans une vie.

L’injonction de Socrate “connais toi toi-même” renvoie à cette clé de voute de l’intelligence émotionnelle nous explique Daniel Goleman : “il faut être conscient de ses propres sentiments au fur et à mesure de leur apparition. On pourrait penser que nos sentiments parlent d’eux-mêmes, mais nous gardons tous en mémoire des épisodes où nous n’avons pas fait attention à nos sentiments réels, ou nous y avons fait attention, mais trop tard. Je parle de conscience de soi pour désigner cette attention permanente à son état intérieur. Dans cette conscience réflexive, l’esprit observe et étudie l’expérience elle-même, y compris les émotions. L’empathie repose sur la conscience de soi ; plus nous sommes sensibles à nos propres émotions, mieux nous réussissons à déchiffrer celles des autres”.

Elodie Bergerault, avec laquelle j’ai conçu deux ateliers, l’un sur le leadership, l’autre sur l’incertitude, m’a recommandé ce test sur l’intelligence émotionnelle : le consulter ICI. Merci Elodie pour ta recommandation !

(1) Le jeu des intelligences a été créé par Manuel de Sousa, Gilles Dufour et Arnaud Constancias, “Souriez vous jouez“, Editions “Souriez vous managez”.

(re)Trouver ses forces avec l’arbre de vie

J’ai eu la grande chance de rencontrer et d’être formée à l’arbre de vie par Dina Scherrer, présidente de la Fédération francophone des pratiques narratives. Cela faisait des années que je pensais les histoires de vie en sociologie clinique – auxquelles j’ai été certifiée – très proches des pratiques narratives. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité aller y voir de plus près avec Dina Scherrer, qui m’a confortée dans cette intuition.

Histoires de vie et pratiques narratives partent du principe que chaque individu n’est pas réduit à son histoire, mais est multi-histoires ; Qu’être le produit d’une histoire héritée est compatible avec le fait de devenir “sujet” et auteur / autrice de sa vie par un “bricolage” identitaire unique, savant mélange de déterminisme et de choix personnels et autonomes ; Que chacun.e détient les savoirs, les compétences, les forces, les talents, les ressources, les valeurs, l’énergie pour vivre ses expériences et affronter les difficultés.

Le coach ou praticien narratif est là pour aider la personne à se les révéler si elle les a perdues de vue et à reprendre confiance pour aller de l’avant.

J’ai aimé lorsque Dina nous a dit que nous étions là pour poser des questions qui rendent les gens dignes, pour honorer leurs savoirs clandestins, leurs actes de résistance, leur “plein”.

Pierre Blanc-Sahnoun a rencontré pour la première fois l’arbre de vie en 2010 avec David Denborough, Cheryl White et Jill Freedman au Rwanda. Il y était parti en mission avec un groupe international de thérapeutes narratifs pour former des intervenants sociaux travaillant dans les villages avec les survivants du génocide de 1994. L’arbre de vie figurait en bonne place des outils utilisés, issu du travail de David Denborough avec Ncazelo Ncube, psychologue pour enfants originaire du Zimbabwe, pour aider les enfants atteints du VIH. Il a été touché par cette approche simple et élégante, permettant aux personnes traumatisées de parler de leur vie dans des termes les rendant plus forts au lieu de les retraumatiser à chaque étape du récit.

C’est bien là tout l’intérêt de l’arbre de vie, travail métaphorique qui aide à parler de soi en un temps record et d’une façon positive en se centrant sur ses qualités, ressources, talents et forces, afin d’atteindre l’objectif que chacun.e se fixe et qui guide tout le travail de la séance.

Dina Scherrer le définit ainsi : ” l’arbre de vie est un outil de soutien psychosocial basé sur les pratiques narratives. Il utilise les différentes parties de l’arbre pour représenter les divers aspects de nos vies. L’utilisation des métaphores et de questions soigneusement formulées invite à raconter des histoires sur la façon de se renforcer et augmente l’espoir dans l’avenir. Il a été délibérément conçu pour soutenir les personnes dans l’exploration des histoires alternatives (1), des histoires qui parlent d’espoir, de compétences, des rêves qu’un individu a pour sa vie. Une histoire encourageante et dynamisante qui constitue une base ferme pour que la personne poursuive sa vie en dépit des problèmes auxquels elle est confrontée” (2)

A quels moments faire appel à l’arbre de vie en accompagnement ?

  • Au début d’un accompagnement pour faire connaissance et clarifier les objectifs
  • En fin d’accompagnement pour le bilan
  • Pour aller à la recherche ou confirmer un projet (choix d’études ou de métier, réorientation professionnelle, création d’entreprise, transition de vie …)
  • Pour anticiper les obstacles qui pourraient se mettre entre soi et son projet
  • Pour travailler son identité professionnelle et dégager sa singularité
  • Pour peaufiner son style managérial
  • Pour aider à retrouver du sens dans sa vie professionnelle
  • Pour sortir de l’isolement
  • Pour travailler le manque de confiance ou d’estime de soi
  • Pour préparer un entretien de recrutement ou un pitch devant des publics clés …

Si vous souhaitez en savoir plus sur cette approche et déterminer si elle répond à vos objectifs et attentes, me contacter.

A lire : Dans mon arbre de vie pousse mon projet professionnel

(1) Les pratiques narratives distinguent l’histoire du problème ou histoire dominante qui enferme la personne, la rend aveugle à ses potentialités, de l’histoire alternative ou histoire préférée, qui va lui permettre de retrouver confiance en soi et désir d’avancer.

(2) “Accompagner avec l’arbre de vie, une pratique narrative pour restaurer l’estime de soi” Dina Scherrer, InterEditions, 2021.

Et vous, rêvez-vous ?

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Je suis heureuse de vous annoncer la sortie du premier livre blanc écrit par l’équipe Shynlei, intitulé “Rêver pour avancer”. L’accompagnement Shynlei a la singularité de commencer par l’évocation de ses rêves, aspirations ou désirs, afin de laisser de côté quelques instants le mental, en revenant à ce qui nous inspire et nous motive au plus profond de nous.

Pour avoir accompagné avec la démarche Shynlei depuis plusieurs années et expérimenté l’entrée dans le parcours de trois mois par les rêves, j’en mesure toute la puissance et la pertinence.

Ce libre blanc a le mérite de revenir à la source : qu’est-ce que rêver ? Pourquoi rêver ? Qu’est-ce que le rêve libère et autorise ? Quels conseils, quelle méthodologie pour faire émerger ses rêves et avancer vers la vie qui a du sens pour nous ?

“Le rêve permet d’exprimer quelque chose que l’on porte en soi, de le rendre intelligible à soi et peut- être aux autres si l’on ose en parler. C’est une façon de communiquer avec soi-même et avec les autres sur ce que nous portons au fond de nous. Rêver, c’est se libérer.”

Je vous propose de plonger dans la lecture de ce livre blanc, ode au rêve, qui vous permettra peut-être d’envisager un accompagnement différent.

Pour en savoir plus sur Shynlei.

Me contacter pour un échange.

Quizz Shynleï : cela vous prendra quelques minutes (4 minutes 30 en moyenne). Le Quizz vous donnera une indication sur votre tendance actuelle, en fonction de votre perception de l’environnement et de votre dynamique personnelle. Nous avons identifié neuf tendances qui schématisent votre état d’esprit du moment et votre énergie.

Explorons ensemble !

J’ai été séduite par les superbes cartes créées et illustrées par Catherine Jullien dans la collection Souriez vous jouez. Les cartes exploratrices nous invitent à explorer et enrichir notre rapport au monde. Elles proposent un voyage dans l’énergie du féminin pour trouver l’harmonie et l’action juste dans notre quotidien.

L’expérience d’accompagnement se déroule en trois actes :

  • Ressentir et accueillir l’émotion : les portraits à l’aquarelle
  • Raconter : se laisser guider par les questions narratives * au dos des cartes
  • S’inspirer : découvrir les citations de femmes inspirantes

Je vais proposer ces cartes aux personnes que j’accompagne pour les aider à mettre des mots, des images, des émotions sur les situations qu’elles amènent en coaching, autre manière, créative et inspirée, d’avancer sur son chemin de vie. J’aime cette idée de partir en exploration vers son vrai soi, comme un aventure personnelle.

C’est Catherine Jullien qui les a conçues : ingénieure, coach professionnelle et artiste. Je la remercie vivement pour cette belle idée à la fois porteuse de sens et esthétique, que je suis ravie de vous faire découvrir en images !

*La pratique narrative : “Plus que ce qui nous arrive, ce qui est important, c’est l’histoire que nous nous racontons à partir de ce qui nous arrive”. Notre identité est façonnée par les histoires que nous nous racontons, qu’on a raconté sur nous et que l’on se raconte. Il s’agit de notre histoire dominante. La pratique narrative propose de revoir nos croyances, postulats, et de construire des histoires alternatives dans lesquelles nous retrouvons une relation à nos rêves et nos aspirations. Elle reconnecte notre identité à nos ressources cachées, invite à aller chercher des expériences non sélectionnées jusqu’alors dans le casting de nos histoires. Et développer ainsi une histoire préférée“.

Comment passer des rêves à l’action ? Découvrir une forme d’accompagnement s’appuyant sur les rêves : à lire ici.

#Episode 12 podcast avec Sandrine Brasero

Suite de la série de podcasts que j’ai initiée avec Mitrane Couppa, et un fil conducteur pouvant être décrit ainsi : découvrir des histoires singulières, des parcours de vie et des conquêtes. Conquête d’indépendance, de liberté, d’identité.

Avec une question fondamentale : comment changer, se transformer, évoluer et / ou s’accepter en restant fidèle à soi (ses valeurs, son héritage, ses loyautés) ?

Retrouver la série complète ici.

Consultante en management et fondatrice de Promot-HER, Sandrine Brasero accompagne les dirigeants et les leaders dans les organisations à réussir leur transition managériale, développer leur leadership et leur politique d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Nous avons pris le temps avec Sandrine d’évoquer, à travers son histoire, ses représentations du leadership, et la genèse de la création de Promot-Her, collectif d’indépendants intervenant pour l’égalité professionnelle au sein des organisations.

Enquête sur le travail en France : plus de 76 % des Français aiment leur travail

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La CFDT a publié en mars 2017 les résultats d’une grande enquête sur le travail en France : plus de 200 000 personnes ont répondu à un questionnaire très détaillé, avec 172 questions mises en ligne entre septembre et décembre 2016 sur le site parlonstravail.fr. (1)

Principaux enseignements de cette vaste étude, une perception largement positive :

  • 76,4 % déclarent aimer leur travail
  • 57,5 % prennent du plaisir à travailler
  • 55,7 % sont fiers de ce qu’ils font

Mais,

  • 45 % ont le temps de faire correctement leur travail
  • 42 % déplorent un manque de reconnaissance
  • 26,4 % déclarent que leur travail est leur santé (un lien évident est noté entre travail et douleurs physiques, perte de sommeil, prise d’alcool et médicaments)
  • 1 salarié sur 8 affirme vivre des situations dans lesquelles il se sent malmené

Travail, horaires, et vie personnelle :

  • 2/3 déclarent que leur travail s’accorde bien ou très bien à leur vie sociale et familiale
  • Au-delà de 39h/semaine, il devient beaucoup plus difficile de concilier vie professionnelle et vie personnelle (et d’autant plus pour les petits salaires et les travailleurs de nuit)

La charge de travail s’accroît :

  • Plus de 50 % déclarent avoir une charge de travail excessive
  • 28,9 % ont une charge de travail normale selon eux

Partage du temps de travail :

  • 55,6 % des salariés et fonctionnaires déclarent être favorables au partage du travail en vue de diminuer le chômage

Argent et travail :

  • 84 % des salariés déclarent travailler avant tout pour subvenir à leurs besoins
  • 2/3 des salariés trouvent leur rémunération insuffisante par rapport à leurs efforts
  • 65 % trouvent que dans leur entreprise/administration, les écarts entre les plus hautes rémunérations et les plus faibles sont trop importants
  • 60 % ne travaillent pas pour gagner le plus d’argent possible avant tout (l’argent est central, mais il ne résume pas tout)
  • Ceux qui affirment travailler pour autre chose que l’argent sont d’abord les jeunes

Voir les témoignages de répondants.

(1) Télécharger le rapport : Parlonstravail_rapportcomplet

A lire : une vision prospective et positive du travail en 2030.

Le bonheur au travail est une notion récente

 

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Selon l’historienne Anne-Sophie Bruno (1), interrogée par le journal La Croix (16 mars 2017) “le bonheur au travail est une notion assez récente”.

Jusqu’aux années 1990, personne ne parlait de bien-être, de satisfaction ou de qualité de vie au travail. Pas même les partenaires sociaux. L’exigence d’épanouissement, dans la vie en général et au travail en particulier, n’existait pas. Il y a trente ou quarante ans, le débat public se focalisait autour de la notion de santé au travail, au sens strict (accident et maladie professionnelle) et dans un second ordre sur les questions de pénibilité.

Il existe des éléments objectifs pour mesurer l’amélioration des conditions de vie au travail, par exemple la baisse des accidents mortels sur les lieux de travail ou l’augmentation de l’espérance de vie. Mais il faut balayer l’idée d’un progrès linéaire depuis les Trente Glorieuses. Les inégalités demeurent fortes, et pas seulement entre ouvriers et cadres. Certains secteurs sont moins organisés et sont restés à l’écart de ces progrès, comme le bâtiment, les travaux publics, la confection ou le nettoyage et la comptabilité, ces deux derniers ayant basculé vers l’intérim. Ce sont d’ailleurs des secteurs qui emploient une main-d’oeuvre très féminisée et beaucoup de jeunes ou d’étrangers.

Le modèle tayloriste produisait de l’ennui sur les chaînes de montage mais aussi de nombreux troubles musculosquelettiques. Si certains secteurs sont restés sur ce modèle – c’est le cas de l’industrie agro-alimentaire par exemple, des ateliers de découpe et d’abattage – d’autres ont largement fait évoluer leur organisation du travail.

Mais dans le même temps, d’autres impératifs sont apparus, en particulier les exigences de zéro défaut et de flux tendu. La pression est devenue plus forte sur des salariés à qui l’on demande d’être polyvalents.

On parle de santé mentale au travail depuis le XIXe siècle, mais cette notion a longtemps été occultée par la pénibilité physique liée au travail industriel. Les syndicats de salariés ont commencé à se saisir de cette question dans les années 1990 et le grand public dans les années 2000, en particulier avec la médiatisation des suicides dans certains grands groupes.

Dans les entreprises, les cadres sont soumis à une pression plus forte sur les résultats à atteindre. Face à ces exigences, ils font preuve d’une demande accrue de participation aux décisions. Mais la qualité de vie au travail est aussi plus fréquemment perçue comme un facteur d’amélioration de la productivité.

Le fait que la santé économique d’une entreprise dépende aussi de la santé de ses salariés est mieux admis (2). Il ne faut pas faire preuve de naïveté, mais c’est un discours tenu de plus en plus souvent par les organisations patronales.

(1) Anne-Sophie Bruno, Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Paris I – Panthéon Sorbonne.

(2) Les Echos Start, 21 juin 2017 : Classement HappyAtWork : les entreprises où l’on est heureux. Plus de 29 000 personnes dans 4 600 entreprises ont évalué leur entreprise selon six critères (développement professionnel, environnement de travail, management, salaire & reconnaissance, fierté et “fun”). Globalement, les salariés français ont l’air de plus en plus heureux au travail : 52,2 % des salariés interrogés ont une opinion favorable de leur société, un chiffre en nette progression par rapport à l’enquête de l’année dernière (45,4 %). La recette ? “Le bien-être au travail, cela ne veut pas dire enlever tout contrôle, mais mettre en place des situations saines pour l’entreprise… et ses salariés. Il y a trois piliers essentiels : le sens (sentir que son travail a une utilité), la reconnaissance (de son manager ou de ses pairs) et l’espoir (d’évoluer)”, détaille Loïck Roche, directeur de Grenoble Ecole de Management.

Et aussi :

André Comte-Sponville : le travail est une contrainte, ce n’est pas une valeur morale. Comment donner du sens au travail ? (différent de donner du sens à sa vie). Nos besoins sont objectifs, nos désirs subjectifs.

Le travail ne va pas disparaître.

La génération Y et le travail, les indépendants, les femmes et le travail, l’agilité, l’inadéquation valeurs et organisations actuelles.

Le revenu de base : explications pédagogiques (revenu universel).

Emission TV sur le revenu universel  avec Bernard Friot, économiste.

Les emplois de demain avec le développement du numérique.

Un Français sur cinq ne perçoit ni le sens, si l’utilité de son emploi.

 

 

 

 

 

 

 

Boîte à outils du quotidien pour rester zen

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Illustration de la couverture du magazine Flow,une belle découverte ! https://www.etsy.com/fr/shop/janethillstudio. “L’avenir appartient à ceux qui croient à la beauté de leurs rêves” — Eleanor Roosevelt (1884-1962)

En cette période inédite de confinement (mars-avril 2020), voici une mise à jour de mon article mis en ligne en 2017. Si ces quelques suggestions peuvent vous aider à utiliser votre temps autrement, à porter un regard différent sur votre vie et votre quotidien, j’en serais ravie.

Je ne sais pas vous, mais j’aime bien engranger des idées, des trucs et astuces, qui semblent simples, mais qui peuvent s’avérer sacrément efficaces dans les instants de doute, de baisse de tonus ou de confiance, quand il faut faire face à un moment difficile, préparer une présentation à enjeu, ou faire barrage aux phrases créaticides, à la mauvaise humeur ou aux comportements inadéquats.

Je vous livre quelques pratiques, outils ou expériences qui m’ont aidée ces derniers mois, et si vous en avez d’autres, partagez-les en commentant ci-dessous cet article :

♥ Finir sa journée avec la master class du bonheur sur scène, avec Audrey Akoun, Isabelle Pailleau et Florence Servan-Schreiber : énergie tonique assurée ! J’y suis allée avec ma fille pour nos anniversaires respectifs. Quel moment d’émotion partagée ! Je vous conseille d’y aller avec vos ami.e.s, vos enfants ou votre conjoint.e. On y apprend à respirer, s’écouter, s’amuser, parler à des inconnus, et se rappeler que chaque jour, un kif nous attend et égaye notre quotidien, si l’on veut bien y prêter attention.

♥ La commencer avec la voix si douce de Marie-Pier Charron, et ses matins magiques. Ou avec Pascale Picavet, qui nous amène à harmoniser nos chakras avant un rendez-vous à enjeu ou une journée chargée.

Méditer, même 10 minutes, en s’essayant à une pratique quotidienne, si possible : avec la voix de Bernard Giraudeau, ou avec l’enseignement de Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste zen.

Fabrice Midal nous explique aussi et simplement ce qu’est la méditation et comment méditer.

♥ Pour préparer un rendez-vous important ou apaiser les tensions pratiquer la cohérence cardiaque. De quoi s’agit-il ? Florence Servan-Schreiber synthétise l’approche dans son livre La Fabrique à kifs, page 58, Editions Marabout, 2016 : “La variabilité cardiaque est un indicateur de l’agitation de notre système nerveux. En la mesurant à l’aide d’un capteur spécial placé sur l’extrémité d’un doigt, il est possible de visualiser notre état de remous ou de calme intérieur. Une respiration volontaire active notre système nerveux parasympathique, la partie de notre organisme qui est responsable, entre autres, du repos. Son contrepoids, le système sympathique, est en charge des accélérations, dont nous avons tout aussi besoin pour naviguer au quotidien. Etre en cohérence cardiaque signifie que nous sommes parvenus à alimenter nos deux systèmes nerveux : sympathique et parasympathique. Nous sommes alors dans un état neutre de ressource, et non dans un état de relaxation. Nos idées s’éclaircissent, nos préoccupations s’apaisent et nous reprenons le contrôle du fil de nos sensations.” Télécharger l’application de Symbiofi pour s’entraîner.

S’inscrire à l’atelier Voix, souffle et corps de Françoise Thérizols : moment intense que j’ai eu la chance de vivre il y a quelques semaines et que je recommande chaudement.

Poser sa voix : télécharger l’appli gratuite Vocal’iz pour iPhone et Android, qui délivre des conseils et exercices simples pour une meilleure connaissance de cet instrument naturel et précieux, après avoir identifié votre tessiture (ténor, mezzo, baryton, alto …).

♥ Prendre une décision sans stress :

  • Bien se connaître, en identifiant ses qualités, 24 sont recensées dans l’inventaire des forces de caractère de Martin Seligman et Christopher Peterson. Les 24 qualités sont classées par famille : sagesse, tempérance, courage, humanité, justice, transcendance (La Fabrique à kifs, page 82, Editions Marabout, 2016). En résumé, les six piliers qui nous permettent de bien vivre avec nous-même et de nous épanouir dans notre relation aux autres et au monde. Vous pouvez remplir le questionnaire gratuitement en ligne sur http://www.viame.org.
  • Passer le test (gratuit) de personnalité simplifié MBTI, en 10 minutes, pour mieux se cerner et obtenir une description concrète et exacte de qui vous êtes et de la raison pour laquelle vous faites les choses de la façon dont vous les faites.
  •  Ecrire sur une feuille les avantages / inconvénients d’une décision à prendre, avec la 1e solution dans une colonne.  Poser votre stylo, asseyez-vous bien droit.e sur une chaise, les pieds part terre et pratiquer 5 mn de cohérence cardiaque devant votre ordinateur ou votre mobile ; écrivez la 2e solution dans la colonne d’à côté (avantages /inconvénients) ; pratiquez à nouveau 5 mn de cohérence cardiaque dans les mêmes conditions ; Relisez le contenu dans les deux colonnes et sentez ce que votre corps vous signale à ce moment-là. Laissez reposer, et relisez vos notes le lendemain. Avez-vous la même sensation que la veille ? Si oui, vous avez choisi.
  • Autre possibilité, bâtir une carte mentale, très utile pour faire l’inventaire en toute créativité de toutes les possibilités qui s’offrent à vous, et aux qu’elles vous n’auriez pas pensé spontanément. Plusieurs outils numériques existent, testez-les.
  • Intéressant, un elearning sur Linkedin conçu et animé par Todd Dewett.

Et quand le spleen déborde, dans le désordre :

Enfin, à (re)découvrir, la puissance de la gratitude, ô combien ressort vital.

L’écoute n’a qu’un seul but : permettre à l’autre de vider son cœur.
Si vous pratiquez ainsi, la compassion sera toujours là. Si la conscience est là, je suis sûr que vous savez tous ici que la haine, la violence et la colère ne peuvent être neutralisés et guéris que par une seule substance : la compassion ”. Thich Nhat Hanh

L’avenir appartient à ceux qui croient
à la beauté de leurs rêves
” — Eleanor Roosevelt (1884-1962)

Ce que l’argent dit de nous

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Notre rapport à l’argent nous résume t-il ? Question posée par le philosophe Charles Pépin à Pascal Bruckner lors d’un lundi philo de novembre 2016.*

Réponse documentée du philosophe et essayiste qui a publié en 2016 le livre La sagesse de l’argent chez Grasset :

Il est sage d’avoir de l’argent. Phrase scandaleuse en France. Celui qui en a le mieux parlé au XIXe siècle est Charles Fourier, qui a fait l’éloge de l’argent, de la richesse, de la fortune. alors que lui-même a vécu misérablement. Il allait tous les jours au Palais Royal attendre les financiers pour alimenter son utopie, les phalanstères, qui se sont implantés aux Etats-Unis.

Pour Pascal Bruckner, la richesse est en soi un bienfait. L’absence de richesse n’a pas de valeur et peut être source de malheurs. Mais c’est un bienfait qui oblige. Ainsi, Andrew Carnegie, à 60 ans, écrit que “celui qui est riche doit rendre tout ou partie de cette richesse à la collectivité.” Il crée une fondation, une “charity” à l’instar des milliardaires anglo-saxons, qui tentent de se prémunir de la malédiction de l’argent, en y versant une partie leurs immenses fortunes, pour les plus démunis. A la différence de la France, les Américains équilibrent leur aversion de l’impôt par un goût de la redistribution de l’argent par les plus riches. Alors qu’en France, c’est en principe l’Etat qui est chargé de la redistribution de la fortune nationale au service des plus faibles.

Thèse principale de l’ouvrage de P. Bruckner : la sagesse de l’argent tient dans la combinaison de trois vertus : la liberté, la sécurité, l’insouciance. Equilibrées par trois devoirs : la probité, la proportion et le partage.

Il est bon de rappeler les avantages de l’argent, que nous avons tendance à oublier, parce que nous sommes héritiers d’une tradition socialisante et catholique. Tout d’abord, l’argent est facteur d’émancipation. Les femmes dans les années 50-60-70 ont réclamé leur part de travail pour pouvoir s’émanciper économiquement de leur mari. Depuis que l’on a instauré le mariage d’amour, c’est une source de divorce. Là où jadis nos mères hésitaient à quitter leur mari, parce que cela signifiait pour elles la misère ou l’incertitude financière les femmes d’aujourd’hui n’hésitent pas à rompre le lien conjugal, précisément parce qu’elles ont une tendance financière. L’argent, c’est une liberté. La sécurité découle de cette liberté. L’argent a cette capacité merveilleuse de nous prémunir de l’adversité. Pouvoir s’offrir un toit, des études, se soigner, tout cela, ce sont des garanties de sécurité. L’insouciance, j’ouvre le livre là-dessus : l’argent nous offre du temps et la capacité de faire des projets. Avec la pauvreté, on est condamné au présent perpétuel.

L’éminente dignité des pauvres est un point central du catholicisme, ils témoignent de la grandeur du Christ. Les riches dans leur appétit de jouissance sont prisonniers des biens de ce monde. On peut aujourd’hui a posteriori lire cela comme une justification de l’ordre établi. Au fond, le christianisme en expliquant aux pauvres que les derniers sur Terre seraient les premiers au Paradis, maintenait la structure sociale de l’Ancien régime intacte. Le grand basculement de notre civilisation est ce moment où les protestants, avec Martin Luther et Calvin vont modifier ce point de dogme : pour eux, la pauvreté n’est en soi porteuse d’aucune grandeur naturelle, c’est le travail ; par exemple, faire fructifier cette terre qui est l’oeuvre divine. Ils vont condamner une pratique qui est la mendicité. C’est l’effort consenti pour sortir de la pauvreté qui est mis en valeur. On a là toute la différence entre le monde protestant et le monde catholique en Europe, mais aussi entre l’Europe latine et l’Amérique du Nord.

Spécificité française du tabou de l’argent : la France est héritière de trois héritages. La tradition catholique qui condamne l’argent, concurrent maléfique de Dieu, qui sépare les hommes. L’héritage aristocratique qui méprise le travail : l’argent n’est pas fait pour être gagné, on laisse cela aux serfs et manants, il est fait pour être dépensé. Un bon aristocrate va à la chasse et à la guerre, il ne travaille pas, à la différence des Bourgeois. Dernier héritage enfin, celui de la Révolution française égalitariste, qui fait que tous les hommes sont nés égaux en droits, sinon en condition. A la différence des Etats-Unis, où il n’y a pas comme chez nous de séparation entre vie spirituelle et vie matérielle. Pour les Américains, le dollar est une monnaie spirituelle. Alors que pour nous Français, l’Euro est une monnaie profane, voire désincarnée. Aux Etats-Unis, la richesse est à la fois un gage de patriotisme et de christianisme. Les riches sont aimés par Dieu, les pauvres peut–être pas. C’est ce qui peut nous scandaliser lorsque nous sommes là-bas.

Question de Charles Pépin : est-ce que notre rapport à l’argent à titre individuel dit la vérité de ce que nous sommes ou aspirons à être ?

Oui, l’argent est un formidable révélateur. L’avare, le généreux, le prodigue n’échappent pas à cette relation à la vérité. L’avarice : chaque sou gagné est un fragment de notre corps. C’est une hémorragie qui sort de nous et rend littéralement les gens malades. On a tous nos moments de radinerie, personne ne peut se dire exempt de cette maladie. Le prodigue en sens inverse a un rapport étrange avec l’argent. Dans le geste aimable du prodigue, il y a aussi la volonté de manifester face aux témoins à quel point l’argent le laisse indifférent. Il est lui membre d’une humanité bien supérieure à la moyenne. Il y les cadeaux qui oppriment ceux qui les reçoivent, parce qu’un don doit être suivi d’un contre-don. Quand un cadeau ne peut être rendu, il y a là une appropriation potentielle qui peut mettre très mal à l’aise. C’est pour cette raison que l’argent a été créé, pour mesurer la dette, pour mieux quantifier ce qui est dû. L’argent nous fait passer du monde de la dette, du monde de l’Ancien régime au monde du don, du salaire et du travail pour nous arracher de l’emprise des autres. C’est tout le paradoxe de l’argent : il est l’émancipation pour les uns et l’asservissement pour les autres.

Conviction de Charles Pépin : la manière dont on dépense, économise, partage ou pas dit assez bien la vérité de l’intériorité.

Pascal Bruckner voulait depuis longtemps écrire un livre sur l’argent, étonné par la haine qu’il suscite. Il constate que les critiques les plus acerbes du veau d’or sont en général assez bien pourvus. Selon lui, maudire l’argent, c’est finalement lui rester attaché.

Classe sociale, élite, dirigeants se voient émerger et disparaître, bouger comme des plaques tectoniques, se refusent à l’immobilisation. La frugalité de toute chose, telle est la leçon de l’argent qui nous échoie pour nous fuir, qui ne gratifie les uns que pour les abandonner ensuite, dans une alternance de ruine et de résurrection. Ce que voulait dire l’apôtre Matthieu, reprenant l’enseignement des stoïciens, quand il recommandait de rester pauvre dans notre coeur. Les dons de la vie nous fuient aussi promptement qu’ils arrivent, comme sur la table de jeu, les dés roulent parfois en notre faveur, parfois à notre détriment. La fortune n’est que la métaphore de la vie, si belle, si fragile. Accepter que tout ce qui nous fut accordé puisse nous être repris, en retirer malgré tout un immense sentiment de gratitude, telle est l’ultime sagesse.

Pascal Bruckner a voulu pourfendre deux illusions dans son livre : la première est l’idée selon laquelle l’argent nous rendrait matérialiste. C’est un contre-sens selon lui. C’est la pauvreté qui rend matérialiste. Lorsque vous êtes pauvre, vous êtes asservi jour et nuit à la matière. Le paradoxe, c’est quand on a de l’argent qu’on n’y pense plus. L’argent permet d’échapper à l’argent. Il y a une deuxième illusion : la possession d’une fortune permet de s’élever au-dessus de la condition humaine. Quand on est millionnaire on pourrait acheter l’amour, l’amitié… C’est faux. On peut acheter ou louer des corps, mais on ne peut pas monnayer des loyautés. Il y a des croyances, des attachements totalement étrangers à la notion d’argent.

Le mot liquide est important : l’argent sert à fluidifier l’existence. L’argent n’a d’intérêt que s’il est la récompense d’un honnête travail. C’est là où le protestantisme a une petite supériorité sur le catholicisme (excepté Florence, Milan, Venise qui ont été les laboratoires de l’économie de marché) ; à travers la condamnation de l’argent, ce que l’on peut voir en filigrane, dans la France d’aujourd’hui et depuis 10 ou 15 ans, c’est l’idée selon laquelle le travail est condamné, que c’est un vestige de l’histoire ancienne, que dans le monde de demain, on aura la semaine de quatre jours, et qu’au fond, le travail nous enchaîne à une activité dégradante. Et ça, c’est une réminiscence de l’esprit aristocratique. On s’aperçoit que les gens qui travaillent le plus, ce sont les classes dominantes, ce sont les élites, qui exécutent des tâches harassantes, alors même que s’est répandue en France l’idée des 35h. On pourrait se retrouver demain un peu comme l’Empire romain à son apogée, au moment de sa décadence, où un petit nombre de gens extrêmement riches entretenaient une masse de oisifs. Et d’esclaves heureux. Et on peut très bien imaginer pour demain une société analogue à l’Empire romain, une société festive, avec des personnes très riches qui entretiendraient et contrôleraient une grande masse de non actifs et ce serait une utopie sinistre.

La sagesse est de désacraliser l’argent, à ne pas l’aimer ou le détester plus que de raison. Il y a une vie en dehors des ruminations financières, une vie faisant émerger l’éclosion artistique.

Sources :

* Conférence du 07 novembre 2016 au MK2 Odéon, café philo animé par Charles Pépin.

Emission “ça va pas la tête ?” animée par Ali Rebeihi avec : 

PWN-Paris (Professional Women Network), un des plus grands réseaux de femmes en France et en Europe, a planché sur le thème Femmes et argent depuis 2013, avec une étude complète et  un documentaire sur ce thème, conçu comme un véhicule de sensibilisation de la cible féminine à l’importance de gérer son argent en propre.

Argent dans le couple, la fin d’un tabou ?

Identité : significations 2/2

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Suite de l’épisode 1 : vous avez été nombreux à consulter la première partie, voici la seconde ! Si vous avez des questions, vous souhaitez en savoir plus ou me consulter pour l’atelier identité professionnelle que j’anime, envoyez-moi un mail à contact@nathalieprevostconseil.com.

Par Vincent de Gaulejac (page 176), dans Le vocabulaire de psychosociologie, positions et références. Auteurs : Jacqueline Barus-Michel, Eugène Enriquez et André Lévy, Editions érès, 2013.

Extraits

Le sentiment de continuité du Moi s’enracine dans la mémoire. Lorsque celle-là fait défaut, la démence n’est pas loin et seule l’identité sociale subsiste comme élément stable pour désigner la permanence de la personne. Répondre de façon approfondie à la question “qui suis-je” ? conduit à raconter l’histoire d’une vie (Arendt, 1958). “C’est dire que l’identité du qui est une identité narrative“. Pour Paul Ricoeur, l’identité narrative est constitutive de l’ipséité, de l’émergence du sujet qui apparaît simultanément comme lecteur et auteur de sa propre vie. “L’histoire d’une vie ne cesse d’être refigurée par toutes les histoires véridiques ou fictives qu’un sujet raconte sur lui-même” (Ricoeur, 1985).

La notion d’identité narrative s’applique à l’individu, mais également aux communautés, que ce soit la famille, le clan, le peuple ou la nation. Comme dans la psychanalyse, l’identité narrative d’une communauté est “issue de la rectification sans fin d’un récit antérieur par un récit ultérieur et de la chaîne de refigurations qui en résulte.” L’identité narrative n’a rien de stable. Elle évolue et peut faire l’objet de multiples versions, complémentaires ou même opposées, qui se constituent entre l’histoire factuelle, celle des historiens, et la fiction, celle qui se construit sur le modèle du roman familial.

Dans les différentes versions de son histoire, la personne cherche un sens, une issue aux conflits identitaires qu’elle peut rencontrer dans son existence. Le récit est une construction qui lui permet d’échapper au manque, du côté du fantasme, de restaurer une histoire marquée par le malheur ou la maltraitance, ou encore d’inventer des médiations face aux contradictions qui la traversent.

Dans les sociétés “narcissiques”, l’idéologie de la réalisation de soi s’est considérablement développée, proposant de révéler aux femmes et aux hommes leur nature profonde, leur véritable Moi ou encore leur vérité intérieure. “Je n’existe pas” affirme David Hume (cité par Rosset, 1999) dans son traité de la nature humaine, lorsqu’il constate que le sujet ne peut jamais se saisir de lui-même. L’identité personnelle est moins une donnée qu’une conquête.

Si l’on considère, avec Norbert Elias (1939), que la société produit des individus qui produisent la société, il convient de situer l’identité au croisement de ce double processus, comme lieu de cristallisation des contradictions sociales, familiales et psychiques. Dans les sociétés hypermodernes, les marqueurs d’identité sont pluriels, hétérogènes et mobiles. Loin d’être sans appartenance (Mendel, 1983), l’individu hypermoderne est multi-appartenant. Il peut occuper simultanément ou chronologiquement des positions diverses, des statuts différents et jouer des rôles sociaux multiples. Il lui faut donc effectuer un travail constant sur lui-même pour retrouver, dans cette diversité des positions occupées et des attributs identitaires qu’elles contiennent, une cohérence, une unité, une permanence.

L’affirmation de soi est une nécessité dans le monde hypermoderne, caractérisé par la lutte des places. Dans le monde du travail, il est soumis au risque de perdre son emploi, donc son identité professionnelle. Dans l’univers familial, les positions de chacun deviennent de plus en plus dépendantes des relations affectives. Dans le registre social, la mobilité sollicitée de toutes parts favorise l’errance plutôt que la stabilité.

Chaque individu est renvoyé à lui-même “pour se faire une situation“, donner du sens à sa vie, définir son identité, produire son existence. On attend de lui qu’il devienne un sujet responsable, comptable de sa destinée, acteur engagé dans la production de la société, jusqu’à devenir un sujet souverain lorsque la démocratie ne repose plus que sur ses capacités d’action.

Dans ces conditions, la quête de reconnaissance, qu’elle soit sociale, symbolique ou affective, devient l’élément central qui anime les destinées humaines.

 

 

 

 

 

Identité : significations 1/2

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Par Vincent de Gaulejac (page 176), dans Le vocabulaire de psychosociologie, positions et références. Auteurs : Jacqueline Barus-Michel, Eugène Enriquez et André Lévy, Editions érès, 2013.

Extraits

L’identité est un terme polysémique. Selon les définitions du Petit Robert, le mot évoque ce qui est “identique”, l’unité, “le caractère de ce qui est un”, la permanence, “le caractère de ce qui reste identique à soi-même”, la reconnaissance et l’individualisation… Certains de ces éléments sont repris dans nos cartes d’identité : le nom, les prénoms, la taille, la nationalité, l’adresse, les signes particuliers. Délivrée par les pouvoirs publics, elle est au fondement de l’existence sociale et de la reconnaissance de la citoyenneté.

Le mot condense une série de significations, entre les processus de construction de soi et les processus de reconnaissance, qui concernent les différents registres des relations humaines et des rapports sociaux. Notion complexe, éminemment psychosociologique, elle évoque la permanence dans le temps d’individus qui ne cessent de se transformer pour tenter de maîtriser le cours de leur existence.

Le terme d’identité est contradictoire : entre l’idée de similitude (préfixe idem) et celle de différenciation (singularité), chacun se définit par des caractéristiques communes à tous ceux qui sont comme lui.elle, et par des caractéristiques qui permettent de le.la  distinguer de tous ses semblables.

Lorsque l’enfant paraît, il est l’objet d’identifications multiples qui amorcent un double mouvement de projection et d’introjection constitutif de sa construction identitaire : “il a le nez de sa mère” ; “elle sera avocate comme son père” …

Chaque individu tente de se définir comme un soi-même à partir d’éléments disparates. D’un côté les désirs, les projections, les attentes et les aspirations de l’entourage, de l’autre les normes, les codes, les habitus et les modes de classement que chaque milieu produit pour désigner et reconnaître chacun des membres qui le composent. “Nous ressemblons tous à l’image de ce que l’on fait de nous” écrit Jorge Luis Borges pour rendre compte de la dualité entre ce qui pousse à “être soi-même” et ce qui vient des autres dans la constitution de soi.

C’est dire que l’individu est désigné par un ensemble d’attributs sociaux et juridiques qui lui assignent une place dans l’ordre généalogique (côté paternel, côté maternel, fratrie…) et dans l’ordre social (emploi, statut socio-professionnelle, niveau de revenu, type d’habitat, place dans diverses organisations ou institutions…).

L’identité est définie à partir de l’appartenance de chaque individu à une famille, une communauté, une classe sociale, un peuple, une nation etc. Entre l’identité individuelle et l’identité collective, il existe des liens étroits dans la mesure où, loin de s’opposer, elles se coproduisent. Ainsi, le nom de famille permet de singulariser chaque individu selon un code pré-établi qui le classe dans des lignées précises tout en le situant dans une région géographique donnée, dans un pays et dans une langue. Il en va de même pour les prénoms, qui sont porteurs d’appartenances et de traditions tout en spécifiant l’individualité de chacun à l’intérieur du groupe familial.

Dans les sociétés médiévales, chacun était assigné à une place dans un monde social, interprété comme un ordre naturel qui fixait l’existence. La personne s’identifiait au rôle qu’elle jouait dans la société : forgeron, paysan, chevalier… L’idéologie contemporaine de la réalisation de soi s’est imposée : c’est aujourd’hui à l’individu lui-même de construire sa cohérence dans un monde éclaté, c’est à lui de donner un sens à son existence. Chaque individu a donc la liberté de changer de place, mais également le risque de la perdre. C’est la lutte des places.

En conséquence, les tensions augmentent entre l’identité héritée, celle qui nous vient de la naissance et des origines sociales, l’identité acquise, liée fortement à la position socioprofessionnelle, et l’identité espérée, celle à laquelle on aspire pour être reconnu.e.

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A découvrir : l’atelier que j’anime sur l’identité professionnelle, directement inspirée des histoires de vie.

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A lire également sur le blog : les histoires de vie socio-professionnelles.

Ou identité et mythes.