Philosophie d’accompagnement

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Quelle est ma philosophie de l’accompagnement ?

(Re)donner de la capacité d’agir

J’aime reprendre la conception qu’en a Emmanuel Gratton, psychologue, sociologue clinicien, maître de conférences dans le département de psychologie à l’Université d’Angers, ancien membre associé de l’Institut International de sociologie clinique et que je présenterais ainsi :

  • L’idée de relais : j’accompagne dans la mesure où j’ai acquis une expérience moi-même, notamment à travers le travail d’implication et son analyse. On ne peut accompagner que dans la mesure où on reconnaît avoir été accompagné, avoir reconnu ceux qui m’ont accompagné sur ce chemin. Il y a quelque chose de l’ordre d’une transmission, d’un don, d’une réception et d’une dette (principe de l’histoire de la vie). L’accompagnement, c’est une posture qui n’est ni devant (guide), ni derrière (suivi), ni dessus (tuteur), ni dessous (soutien)… C’est une place aux côtés de…
  • L’idée de co-construction : du coup, le chemin peut être co-construit. Il y a un rapport de parité entre l’accompagnateur et l’accompagné. Ils s’accompagnent l’un l’autre d’une certaine manière. Personne ne connaît exactement la destination. « Faire de sa vie une histoire » ou « chercher à devenir le sujet de son histoire » nécessite une action du sujet. L’accompagnateur est accompagné dans sa démarche par l’accompagné. Personne n’émancipe personne. L’émancipation est toujours une affaire à la fois personnelle et dans le rapport avec d’autres… Elle procède d’un rapport à l’autre, l’accompagnateur, ou des autres, le groupe, ou les deux à la fois (l’altérité).

La maïeutique socratique fait partie intégrante de ma pratique : l’art d’aider autrui à accoucher de la vérité de son propre désir. Rappelons que dans la perspective du Ve siècle athénien, la vérité du désir articulée au respect des lois est le moyen de la construction à la fois de l’individu, de la Cité et du rapport entre les deux ». [1]

L’identité comme promesse : aider autrui à accoucher de sa vérité, en responsabilité citoyenne et en tant qu’acteur du changement du monde, même de façon modeste (Walter Benjamin : « Tout être humain est un personnage historique »).

[1] De quoi parle la notion d’accompagnement ? Lin Grimaud, ERES/Empan, 2009/2, n ° 74.

Définitions de l’accompagnement : lire l’éclairage apporté par Maela Paul, docteur en Sciences de l’éducation.

L’accompagnement adoptant le référentiel de la sociologie clinique apporte une grille de compréhension avec la mise en liens, la recherche de sens entre passé/présent/futur, histoire personnelle/trajectoire socioprofessionnelle, déterminismes sociaux/valeurs/leviers psychologiques. Le sujet est accompagné à penser son histoire, à l’interpréter lui-même pour agir sur sa vie. Que le sujet adresse son récit de vie à l’autre (son accompagnateur, un groupe) lui permet de « sortir de lui » et de découvrir une autre dimension de lui (lire les travaux d’Alex Lainé pour approfondir).

Cette approche est volontariste : loin de tout déterminisme emprisonnant, elle incite au contraire “à saisir le kairos (l’opportunité) par les cheveux“, explorer notre histoire de vie, vouloir changer, faire preuve d’imagination, persévérer, revisiter nos valeurs, trouver un nouveau sens à l’existence, en sachant profiter de la beauté du vivant, de sa richesse intérieure, souvent bien plus importante qu’on ne le croit et de celle des autres. Eugène Enriquez, préface du livre d’Anasthasia Blanché, La retraite, une nouvelle vie, Editions Odile Jacob, 2014.

Je complèterais par quelques mots sur la posture clinique du coach, très bien expliquée par Reine-Marie Halbout, auteure de Savoir être coach, aux Editions Eyrolles, 2009, lecture incontournable pour qui veut comprendre l’origine de ce métier et les compétences indispensables (savoir faire et savoir être) pour l’exercer. “La posture clinique est celle qui consiste à penser que le praticien doit toujours s’interroger sur lui-même dans le travail d’accompagnement qu’il réalise. Elle est à la croisée des chemins entre la compétence personnelle et la compétence acquise, par le biais de la formation et de l’expérience. Elle est toujours liée à la qualité du travail sur soi que le praticien a entrepris. Le coach doit se situer au plus près de l’autre, dans l’exploration de son récit, de son histoire, de ses motivations. L’écoute est centrée sur la personne dans sa complexité, dans un accueil des registres intellectuels, émotionnels et sociaux. C’est une écoute sensible, non évaluative et empathique. L’étymologie du mot “clinique” situe ce terme dans une position spécifique de “visite au pied du lit”. Il est question du lit du malade où s’expose une souffrance demandant un soin. Comme le rappelle la sociologue Nicole Aubert, “la spécificité de l’approche clinique tient à trois éléments interdépendants – la situation, la relation et la demande” (Du travail organisé à l’organisation instituante : frontières et limites de la sociologie clinique, dans Vincent de Gaulejac et Shirley Roy, Sociologies cliniques, Desclée de Brouwer, 1993). D’une pratique du regard – celui que le médecin porte sur le malade – la clinique a évolué vers une pratique de l’écoute et de la relation.”

Bibliographie de Reine-Marie Halbout : articles, Les ancêtres des coachs et blog

En matière de déontologie, il est par ailleurs important de préciser que le travail sur son histoire de vie  en sociologie clinique ne s’apparente pas à une thérapie : lire ici la différence.

A lire aussi, Les figures du sujet dans le récit de vie par Roselyne Orofiamma.

Pour me contacter : contact@nathalieprevostconseil.com / 06 74 42 10 79

Une réflexion sur “Philosophie d’accompagnement

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