Le mentoring ou mentorat, une autre forme d’accompagnement

Hommage à Claude Monnet, dans une très belle exposition à la Fondation LVMH

J’ai la chance d’avoir participé à la création d’un dispositif de mentoring et d’être mentor depuis plusieurs années pour le réseau des Essenti’elles de BPCE, et plus récemment pour Anggels, qui met en relation créateurs ou créatrices d’entreprise et mentors qui donnent de leur temps pour les accompagner dans leur montage de projet, jusqu’aux premiers clients.

Dans un précédent article, j’avais expliqué comment j’accompagnais les créateurs et créatrices d’entreprise, à travers le coaching individuel, les ateliers collectifs pour être en capacité de pitcher avec authenticité et efficacité, la démarche spécifique Shynlei, le co-développement que j’ai développé ces dernières années, y compris pour des intrapreneurs, et j’y ajoute le mentoring qui complète la panoplie des formes d’accompagnement possibles.

Catherine Thibaux, qui a accepté de répondre à mes questions sur son parcours et son expertise en matière de mentoring dans ce podcast a publié un ouvrage qui fait référence sur le sujet, à la fois pour les institutions et entreprises qui veulent mettre en place un dispositif, et également pour les mentors et les mentorés qui se demandent si le mentoring est fait pour eux : Les clefs d’un mentoring réussi pour progresser dans sa vie professionnelle, aux éditions Studyrama Pro, que je vous recommande vivement.

Voici la définition qu’en donne Catherine : « Le mentoring est une relation d’aide, sur la base du volontariat, entre deux personnes qui n’ont pas de lien hiérarchique ni fonctionnel, et dont l’une est plus expérimentée. Cette relation d’aide repose sur des rencontres régulières pendant une certaine durée (en général un rendez-vous par mois pendant six mois à un an), au cours desquelles le plus junior, appelé mentoré, apporte sujets et questions dans le but de bénéficier gratuitement et confidentiellement de l’expérience professionnelle et personnelle du plus senior, appelé mentor ».

« En entreprise, il est proposé à des collaborateurs de middle management, dits à potentiels, susceptibles d’évoluer au sein de l’organisation. Le mentoring est considéré comme un moyen, parmi d’autres (formation, coaching, réseaux de pairs), mis à disposition du collaborateur pour comprendre l’entreprise, ses codes implicites, lever des freins éventuels et favoriser sa progression. »

Le mentoring a de plus en plus de succès dans les entreprises ou institutions : il est proposé par les réseaux mixité pour favoriser la carrière des femmes par exemple, par les RH pour permettre aux jeunes arrivé.es de s’intégrer plus vite ou aux futurs dirigeants d’évoluer dans des viviers, ou pour renforcer les compétences digitales des seniors grâce aux juniors dans un système de mentoring croisé.

Etre mentor m’apprend beaucoup, je fais de belles rencontres, et je grandis avec mes mentorées. Elles ont des objectifs variés : changer de métier ou de classification, anticiper une réorganisation interne, réussir une mobilité interne ou externe … Leurs objectifs évoluent parfois au fil de nos rencontres, avec un objectif de séance défini en amont selon leurs besoins. Elles s’approprient le dispositif, en étant actrices de son organisation : pas de contrainte, mais une chance pour sa carrière dont chacune tire profit comme elle le souhaite.

L’identification des « paires » mentor/mentorée n’est pas due au hasard : le choix des mentorées en fonction de mon profil entre en résonance avec leur propre problématique, et c’est la magie de l’accompagnement.

La relation de mentorat est non conventionnelle nous rappelle Catherine dans son ouvrage (la fonction importe moins que la volonté d’entraide), libre (le mentor et son mentoré sont eux-mêmes et échangent sur un plan d’égalité avec authenticité ; les sujets abordés sont définis librement également), gratuite (c’est un cadeau, avec don et contre-don), sans obligation de résultat, donc sans pression, dans un espace où chacun peut s’exprimer et se poser en toute sécurité, pour prendre le temps de la réflexion sur son évolution professionnelle.

Voici pour exemple les témoignages récents de deux mentorées que j’ai accompagnées :

Emilie : « Mes objectifs initiaux ont évolué vers une réflexion sur mon positionnement dans la nouvelle organisation de mon entreprise actuelle. Cet accompagnement m’a permis de me poser les bonnes questions sur mon métier, mes compétences, ce qui me motive, ce qui me déplait, ce pour quoi je suis douée. Prendre le temps de réfléchir à tout ça m’a fait du bien et m’a rassurée sur le fait que, quoi qu’il arrive, dans mon entreprise ou ailleurs, j’ai les capacités pour y arriver. Il m’a aussi permis de structurer mes réflexions et a rendu les choses plus faciles à aborder. Je n’aurais pas été aussi loin toute seule et j’aurais eu tendance à m’éparpiller. Je me suis sentie en confiance et comprise et j’ai pu progresser. »

Delphine : « Mon objectif initial était d’évoluer vers des fonctions managériales dans mon domaine d’activité ou dans un autre domaine, dans mon entité ou au sein du groupe dans lequel je travaille. Au final, le mentoring a abouti à une mobilité interne dans un autre métier et sans responsabilités managériales. Grâce à un travail d’introspection réalisé sous ta supervision, j’ai fait le point sur mes qualités et compétences et les forces/faiblesses pour devenir manager. Ce qui m’a semblé confortable : ton écoute, la facilité de nos échanges, ton soutien, ta disponibilité en général et notamment pour échanger rapidement sur la préparation des RDV RH, tes conseils en matière de formation, ta relecture de mon CV et des lettres de motivation. Ce qui m’a manqué : les rendez-vous en présentiel, du fait de la crise sanitaire. »

Avec Anggels, j’ai la chance d’accompagner Lovisa depuis plus d’un an, qui est en phase de création d’entreprise. Voici le témoignage qu’elle a bien voulu nous livrer, et je l’en remercie vivement :

« Après vingt ans de carrière dans la construction et l’aménagement de bureaux, j’ai décidé de faire une reconversion professionnelle et de devenir coach et diététicienne. Dans ce changement à 180°, Nathalie m’a accompagnée, d’abord pour clarifier mes idées afin de définir mon nouveau projet professionnel dans ses grandes lignes, puis pour affiner au fur et à mesure sa mise en œuvre. De plus, je me lançais sur un marché que je ne connaissais pas au départ. Le mentorat par Nathalie m’a permis de profiter de son expertise dans le domaine du marketing et de la communication pour bien définir ma cible et pour savoir comment l’adresser.

Lorsqu’on se lance dans l’entrepreneuriat, et en particulier le solo-entrepreneuriat, il me semble essentiel de s’entourer de personnes bienveillantes pour ne pas rester seule au risque de se décourager face à la complexité du projet. Le mentorat comme accompagnement permet en plus de bénéficier des compétences et de l’expérience du mentor pour accélérer l’avancement du projet et d’éviter de prendre des mauvaises directions. 

Je viens tout juste de lancer la phase opérationnelle de mon activité. La poursuite du mentorat me permet de continuer d’échanger avec Nathalie qui offre des moments de prise de recul pour maintenir le cap. »

Le bonheur au travail est une notion récente

 

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Selon l’historienne Anne-Sophie Bruno (1), interrogée par le journal La Croix (16 mars 2017) « le bonheur au travail est une notion assez récente ».

Jusqu’aux années 1990, personne ne parlait de bien-être, de satisfaction ou de qualité de vie au travail. Pas même les partenaires sociaux. L’exigence d’épanouissement, dans la vie en général et au travail en particulier, n’existait pas. Il y a trente ou quarante ans, le débat public se focalisait autour de la notion de santé au travail, au sens strict (accident et maladie professionnelle) et dans un second ordre sur les questions de pénibilité.

Il existe des éléments objectifs pour mesurer l’amélioration des conditions de vie au travail, par exemple la baisse des accidents mortels sur les lieux de travail ou l’augmentation de l’espérance de vie. Mais il faut balayer l’idée d’un progrès linéaire depuis les Trente Glorieuses. Les inégalités demeurent fortes, et pas seulement entre ouvriers et cadres. Certains secteurs sont moins organisés et sont restés à l’écart de ces progrès, comme le bâtiment, les travaux publics, la confection ou le nettoyage et la comptabilité, ces deux derniers ayant basculé vers l’intérim. Ce sont d’ailleurs des secteurs qui emploient une main-d’oeuvre très féminisée et beaucoup de jeunes ou d’étrangers.

Le modèle tayloriste produisait de l’ennui sur les chaînes de montage mais aussi de nombreux troubles musculosquelettiques. Si certains secteurs sont restés sur ce modèle – c’est le cas de l’industrie agro-alimentaire par exemple, des ateliers de découpe et d’abattage – d’autres ont largement fait évoluer leur organisation du travail.

Mais dans le même temps, d’autres impératifs sont apparus, en particulier les exigences de zéro défaut et de flux tendu. La pression est devenue plus forte sur des salariés à qui l’on demande d’être polyvalents.

On parle de santé mentale au travail depuis le XIXe siècle, mais cette notion a longtemps été occultée par la pénibilité physique liée au travail industriel. Les syndicats de salariés ont commencé à se saisir de cette question dans les années 1990 et le grand public dans les années 2000, en particulier avec la médiatisation des suicides dans certains grands groupes.

Dans les entreprises, les cadres sont soumis à une pression plus forte sur les résultats à atteindre. Face à ces exigences, ils font preuve d’une demande accrue de participation aux décisions. Mais la qualité de vie au travail est aussi plus fréquemment perçue comme un facteur d’amélioration de la productivité.

Le fait que la santé économique d’une entreprise dépende aussi de la santé de ses salariés est mieux admis (2). Il ne faut pas faire preuve de naïveté, mais c’est un discours tenu de plus en plus souvent par les organisations patronales.

(1) Anne-Sophie Bruno, Maître de conférences en histoire contemporaine à l’Université Paris I – Panthéon Sorbonne.

(2) Les Echos Start, 21 juin 2017 : Classement HappyAtWork : les entreprises où l’on est heureux. Plus de 29 000 personnes dans 4 600 entreprises ont évalué leur entreprise selon six critères (développement professionnel, environnement de travail, management, salaire & reconnaissance, fierté et “fun”). Globalement, les salariés français ont l’air de plus en plus heureux au travail : 52,2 % des salariés interrogés ont une opinion favorable de leur société, un chiffre en nette progression par rapport à l’enquête de l’année dernière (45,4 %). La recette ? “Le bien-être au travail, cela ne veut pas dire enlever tout contrôle, mais mettre en place des situations saines pour l’entreprise… et ses salariés. Il y a trois piliers essentiels : le sens (sentir que son travail a une utilité), la reconnaissance (de son manager ou de ses pairs) et l’espoir (d’évoluer)”, détaille Loïck Roche, directeur de Grenoble Ecole de Management.

Et aussi :

André Comte-Sponville : le travail est une contrainte, ce n’est pas une valeur morale. Comment donner du sens au travail ? (différent de donner du sens à sa vie). Nos besoins sont objectifs, nos désirs subjectifs.

Le travail ne va pas disparaître.

La génération Y et le travail, les indépendants, les femmes et le travail, l’agilité, l’inadéquation valeurs et organisations actuelles.

Le revenu de base : explications pédagogiques (revenu universel).

Emission TV sur le revenu universel  avec Bernard Friot, économiste.

Les emplois de demain avec le développement du numérique.

Un Français sur cinq ne perçoit ni le sens, si l’utilité de son emploi.

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons tous des super pouvoirs !

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J’ai eu la chance d’animer cette semaine un atelier créatif pour un réseau mixité en entreprise intitulé « Osons en actions : que mettons-nous en place pour identifier nos supers pouvoirs ou talents, les faire connaître et les utiliser pour le poste de nos rêves ? »

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Florence Servan-Schreiber définit la notion de « super pouvoir » ainsi, dans l’ouvrage Power patate : « Une force est une prédisposition à penser, ressentir, et agir de façon authentique et énergisante qui entraîne nos meilleures performances. C’est notre mode de fonctionnement naturel, au cours duquel nous sommes énergiques et performants. Une force de caractère est une composante de notre personnalité. Ces forces ou qualités font de chacun un être singulier, puissant et à sa place, capable de beaucoup, sans effort et en kiffant. »

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Cet atelier d’une heure et demi a été guidé par le questionnement suivant, auquel vous pouvez vous-aussi réfléchir :

  • Pour quelle(s) raison(s) est-ce important pour vous d’identifier vos talents ou super pouvoirs d’abord, et de les faire connaître ensuite ?
  • A quel(s) besoin(s) cela répond-il dans votre vie aujourd’hui ?
  • A quoi  peuvent-ils vous servir dans votre carrière professionnelle ?
  • Quels sont les opportunités qui s’offrent à vous pour oser les mettre en actions, les alliés sur lesquels vous appuyer et les freins à prendre en compte ?

Je vous engage à réaliser pour vous le questionnaire sur le site viame.org, qui listera vos 24 forces de caractère, votre trousseau de qualités et talents : nul soupçon d’égocentrisme mal placé dans cette démarche, mieux se connaître permet de mieux se présenter en entretien, en trouvant le ton juste : donner quelques exemples de réalisations ou d’expériences illustre finement ses qualités, et ses compétences par la même occasion. (1)

L’énergie créatrice libérée a permis d’identifier deux axes, autour desquels un groupe de travail va se mettre en place cette année : comment se rendre visible (individuellement) ; quelles solutions concrètes proposer à l’entreprise pour rendre les femmes plus visibles et développer ainsi leur employabilité ?

Un grand merci à l’illustratrice Véronique OLIVIER-MARTIN, qui a si bien « croqué » nos idées ! Je la recommande chaudement : rien de mieux que les illustrations pour synthétiser les propos qui fusent.
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(1) Plus d’information sur l’enquête (vous pouvez y répondre en Français) : « The VIA Survey was developed by renowned psychologist, Christopher Peterson, Ph.D. The VIA Survey-120 is a revised version of the original VIA Survey as a 120 item, scientifically validated by Robert McGrath, Ph.D., questionnaire that provides a rank order of an adult’s 24 character strengths. The new revised version takes approximately 15 minutes to complete and descriptive results and in-depth reports are available upon completion. The VIA Survey-120 is offered in over 30 languages and is the only survey of strengths in the world that is free, online, and psychometrically valid. »